Paul
GUELPA naît le 12 février 1899 à Chambots-Allières dans le Rhône,
dans une famille
d'origine piémontaise au nord de Turin au dessus d'Ivréa à Camandone. Son père, entrepreneur en bâtiment, emploie un peintre
décorateur qui donne au jeune Paul les premiers rudiments de technique
artistique.
Paul
GUELPA reçoit ensuite les leçons du peintre italien Andoli qui
l'initie à peinture à l' huile. Il s'installe à Annecy en 1925 où il
poursuit la tradition familiale comme entrepreneur dans le bâtiment.
En
1928, il vient habiter Lyon où il peut suivre les cours du célèbre peintre lyonnais
Antoine Barbier, qui lui fait découvrir la technique de l'aquarelle, dans laquelle
il va exceller. Barbier était alors l'un des meilleurs artistes de
"l'école lyonnaise".
De 1932 à
1946, Paul GUELPA séjourne en Algérie d'où il revient pour s'installer
de nouveau à Annecy. Dès lors, il peut consacrer tous ses loisirs à sa vraie
passion : l'aquarelle. A l'occasion de ses vacances familiales et de ses
voyages de travail, il ne manque
pas d'attraper quelques paysages évocateurs, toujours remplies de douceur et d'un
charme lumineux. Il peindra ainsi en Alsace, en Quercy, dans le Périgord ou en Corrèze, ainsi qu'au
Pays Basque, dans les Landes, en
Provence ou en Bretagne. Tous ces voyages l'enchantent mais c'est Annecy, ses
rues, son lac et ses montagnes, qu'il peindra sans s'arrêter printemps,
été, automne et hiver, et cela jusqu'à son dernier jour. Il revient
plusieurs fois par an et à chaque saison sur ses motifs familiers tels que le
Château de Duyngt, La Tournette vue de Saint Jorioz, les chalets du
Chinaillon. Les lumières du matin et du soir avec leurs roses dorés font la
splendeur de ses aquarelles, tout en "sachant composer avec un rare
bonheur des paysages d'hiver pleins de vie et de charme." (2)
C'est
l'époque où il part en ballades avec ses amis peintres. Ses
courses en Haute-Savoie sont innombrables et se feront jusqu'à un âge avancé.
J'ai eu le bonheur de peindre avec lui et ma mère de très nombreuses
fois sur le motif, et en particulier en mars 1992 à Chinaillon devant les chalets des
Bouts pendant trois
heures sous un beau soleil printanier. Il avait alors 91 ans! Il savait rendre
"admirablement la neige et la brume, impressions éphémères qu'on pourrait qualifier d'intérieures,
parce que dépassant le rendu de la simple perception visuelle... Lié d'amitié
avec d'autres artistes passionnés comme lui de paysage de Haute Savoie comme les aquarellistes Eugène BERNHARDT et Paul
JACQUET (5), représentatif d'une petite école de peinture régionaliste très en vogue dans
les années 1950-1960. Avec son crayon, sa boîte de couleur, ses pinceaux et
son chevalet en aluminium qu'il avait lui-même fabriqué, il allait toujours
curieux et gourmand de lumières, de perspectives et de beaux horizons. "
Que
le ciel soit gris ou bleu, boudeur ou guilleret, qu'il vente ou qu'il neige,
cet éternel jeune homme partait peindre sur le motif, au bord du lac, dans les
montagnes des Aravis pour chasser une image et une impression. Mais des images
bien à lui, des aquarelles "enlevées"d'une main experte et
légère, qui ont fait de lui une référence parmi les aquarellistes de
montagne et des bords du lac d'Annecy. L'eau parfois gelait sur son papier et
ses mains avaient l'onglée, mais rien ne pouvait arrêter sa passion et son désir de
peindre.
| Le secret de sa
jeunesse d'esprit et de sa joie de vivre : sa peinture!
A
92 ans, Paul GUELPA était resté d'une vitalité exemplaire, il peignait encore
la veille de sa mort sur sa petite table de cuisine,
|
un de ses plus anciens
sujets à partir d'une aquarelle faite en 1950 : le vieux pont romain près
de Thônes, sujet qu'il avait dû faire des dizaines de fois.
|
Paul
GUELPA, est décédé à Annecy le 7 mars 1995 . Sa tombe est au
cimetière de Thussy.
Le
Conservatoire d'Art et d'Histoire a fait l'acquisition en 1997 de 31 aquarelles
de Paul GUELPA. Les autres oeuvres présentées dans ce
site ont été
réunies par François Darbois lors de visites faites à Paul Guelpa dans les
années 1986-1995.
Georges
Pacquetet, directeur général adjoint du Conseil Général disait lors de
l'inauguration d'une exposition consacrée à Paul GUELPA au Musée d'Annecy
en 1999. Digne successeur des pionniers de la peinture de montagne
comme le Suisse Auguste Calame , le jurassien Gustave Courbet(6)
ou l'annécien originaire d'Embrun Gabriel Loppé (7) , Paul Guelpa admirait particulièrement les
impressionnistes comme Pissaro, Siseley, Monet ou Manet", mais
également et surtout William Turner et Corot qu'il citait très souvent : "Midi
fuyons!" .... s’écria un jour Corot, en présence d’un paysage
baigné de soleil. Et la bande de jeunes artistes qui avaient accompagné le
futur peintre de l’aube et du crépuscule, s’éparpilla… L’illusion
se produit… Le soleil étant couché, le soleil intérieur de l’âme , le
soleil de l’art se lève… Bon mon tableau est fait!"
Ces
oeuvres traduisent l'instantané de torrents de montagnes ou de monceaux de
neige dans un village, mais aussi les lumières matinales particulières au
lac d'Annecy ou celles de l'abbaye de Tamié, ou encore les vieux moulins
et les châteaux des environs d'Annecy comme Duyngt, Thorens ou
Clermont. Sa touche d'aquarelliste est particulièrement saisissante dans les
mouvements de l'eau, les reflets des couleurs d'automne ou les ruisseaux et
les cascades. "Mais si Guelpa aime l'eau, il s'arrête souvent devant
les vieux chalets quand la lumière rajeunit chaque pierre. Ceux qu'il a
découverts à Chindrieux et qu'il nous montre dans la douceur du matin
constituent une oeuvre exquise." (2) Pour l'aquarelliste de
talent qu'il a été, peindre c'est "simplifier. Il faut suggérer le
plus possible pour que chacun complète la toile à sa façon. L'aquarelliste
ne doit pas tout montrer et mâcher le travail du spectateur, de celui qui ne
connaîtra le paysage que par l'oeuvre réalisée." (4)
Paul
Guelpa est une grande figure de la
peinture de paysage de la région d'Annecy au XXème siècle ; sa puissante
silhouette, son regard malicieux et ses propos enjoués étaient familiers
pour ses nombreux amis, mais aussi aux annéciens des années 1950 à 1995,
qui l'ont découvert à travers de nombreuses expositions consacrées aux
peintres de Montagne.
Pour
sa fille : "La peinture, c'était sa force et sa raison de
vivre"
Eléments
de bibliographie sur les peintres de montagne
(1)
Philippe Tomasini, "Un artiste toujours jeune", Le Dauphiné
Libéré, 15 novembre 1990
(2)
Jean Ville-Albert, Dauphinée Libéré, "Salon d'Hiver", 1951
(3)
A.M.B., Exposition, conservatoire d'art et d'histoire d'Annecy,
"l'insaisissable lumière de Paul Guelpa", Le Dauphiné Libéré
jeudi 13 mai 1999
(4)
Alexandre Duyck, "Paul Guelpa, la peinture à l'eau ... de
jouvence", dans L'essor savoyard du 13 septembre 1991
(5)
Georges Riond Marie Claire Courtial-Fournier, "Paul Jacquet : Images de
Hautes Savoie", Savoie Aquarelles, 1989
(6)
Introduction au catalogue Courbet (1819-1877)" Paris, Grand Palais,
1977-1978
(7)
Marie Noël Borgreaud, "Gabriel Loppé, peintre, photographe &
Alpiniste", Glénat, 2002
(8)
Art et Montagnes, Salanches, 1978
(9)
Catalogue de l'exposition : "Découverte et sentiment de la montagne
1740-1840, à travers la collection Payot", au Conservatoire d'Art et
d'Histoire de la Haute-Savoie, Annecy, 1986
